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Cet espace est alimenté bien maladroitement (et peut-être pas assez souvent) par une poignée de personnes souhaitant réfléchir à quelques problèmes sociétaux. Fous que nous sommes, nous désirons soumettre le fruit de cette réflexion à la sagacité des uns et des autres. Le tout dans un esprit d’ouverture et de bonne franquette. Avouons-le dès à présent, nous sommes des Insoumis et à ce titre (nous y reviendrons souvent), nous partageons l’essentiel des idées du programme de l’avenir en commun. Mais à vrai dire il est une seule chose qui anime notre pensée, qui fédère notre action, qui alimente nos réflexions, et elle tient en quatre mots : l’humain d’abord.

Nous n’obligeons personne à partager nos goûts et nos idées, mais nous tenons aussi à ce que ce soit réciproque. Nous souhaitons proposer des solutions, partager des informations, favoriser les échanges, élever le débat, vivre… Il y sera question d’éducation, de poésie de temps à autre, de « canchons » (eh oui, nous sommes nordistes), d’environnement souvent, de littérature parfois, de culture si nous y parvenons, de jardinage peut-être, de mode de vie sans doute… mais surtout de politique. Quoi de plus normal en cette année présidentielle… et au-delà.

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lundi 17 avril 2017

Mélenchon est-il d’extrême gauche ?



Ce matin, sur BFM-TV, Emmanuel Macron a annoncé, la main sur le cœur, que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche (https://youtu.be/Ao_2ijRICXQ).
Il est clair que cette déclaration vise à faire peur. Car l’extrême gauche fait peur, n’est-ce pas ?
Mais creusons un peu. De quoi est-il question ?

I.                     La vision d’Emmanuel Macron
Tout d’abord, qui est Macron pour prétendre ce genre de choses. Un analyste politique ? Un éditorialiste ? Certes non, mais ce n’est pas une raison sans doute, j’en conviens. Mais dans ce cas, qu’il étaye ses arguments, qu’il soit factuel, qu’il dise quelles mesures seraient d’extrême gauche… Même François Fillon n’a pas osé aller aussi loin dans la caricature, ne qualifiant Jean-Luc Mélenchon « que » de communiste.

Si certaines des mesures prônées par le candidat de la France Insoumise sont mauvaises pour la France aux yeux d’Emmanuel Macron, ou en tout cas en contradiction avec ses propres propositions, alors qu’il les cite (ce ne devrait pas être difficile : elles figurent toutes dans le programme « l’avenir en commun », disponible depuis des mois). Qu’il les critique, qu’il les décrédibilise s’il le souhaite, bref, qu’il permette aux électeurs de se faire une idée concrète sur la manière d’aborder telle ou telle question du programme. Dire que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche ne fait pas avancer le débat d’un iota.

Notons au passage que la position libérale d’Emmanuel Macron sur bien des sujets doit faire passer, à ses yeux, n’importe quelle politique de gauche pour extrême. La loi travail, dite "loi El Komri" ne va pas assez loin dit-il. Les lois Macron non plus ajoute-t-il…

Mais cela est une autre histoire.

Et d’ailleurs, « l’attaque » est de bonne guerre. Nous sommes en campagne électorale et les écarts se resserrent… Admettons, donc !

II.                   L’analyse des journalistes, des éditorialistes.
C’est bien Macron qui est interrogé sur la question. Mais par qui l’est-il ? Et pour quelles raisons ?
Si Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche, ce qui revient dans nombre de papiers qui confinent à la parodie humoristique, alors les journalistes eux-mêmes devraient en attester. C’est leur rôle, leur mission. Ils sont là pour éclairer le citoyen, pas pour les enfermer dans une vision contrite du monde.

Nous attendons d’eux qu’ils étayent les arguments, qu’ils appuient les soi-disant évidences par des faits, des éléments incontournables. Hélas cela est si rare… A croire que les journalistes font de moins en moins de journalisme, ne sont que les relais de leurs employeurs, les quelques milliardaires qui possèdent la quasi-totalité de la presse écrite en France.

III.                 Le fond.
Commençons par dire que Jean-Luc Mélenchon lui-même, dit ne pas être d’extrême gauche, qu’il souhaite rassembler, convaincre, entraîner. On pourrait au moins accorder quelque crédit à cette annonce, maintes fois réitérée. Il s’est toujours situé à l’aile gauche du Parti Socialiste quand il en faisait partie (jusqu’en 2008). On trouvera dans ses amis de l’époque de nombreux élus qui réfuteraient eux aussi toute image extrémiste. C’est un parti qui a gouverné et Jean-Luc Mélenchon lui-même a été ministre délégué à l’enseignement professionnel dans le gouvernement de Lionel Jospin (ex-trotskyste qui ne semble pas avoir appliqué une politique d’extrême gauche).

Les communistes, qui sont unanimement situés à la gauche de Jean-Luc Mélenchon sur l’échiquier politique, soutiennent la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Ils ont décidé de faire campagne de leur côté mais ils n’adhèrent pas à la totalité du projet de la France Insoumise. Ils soutiennent un candidat dont ils pensent qu’il proposer une politique qui va dans le bon sens mais qui, selon eux, ne va pas assez loin dans les propositions sociales. Il en est de même de plusieurs syndicats qui voudraient aller plus loin, par exemple sur la question du SMIC ou du temps de travail. Jean-Luc Mélenchon lui-même a dit que ce serait au peuple d’en discuter, de revendiquer, pas à lui !

Deux candidats d’extrême gauche se présentent à l’élection présidentielle. Il s’agit de Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et de Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste). L’un et l’autre se revendiquent d’extrême gauche et annoncent qu’ils ne souhaitent pas gouverner. Ils sont dans une stratégie de rapport de force, parlent de prolétariat, de masses populaires, de grand capital. Il n’est pas dans mon propose de détailler leur programme dont on verrait que sur quasiment chaque point, il est différent de celui de la France Insoumise et en tout cas BEAUCOUP plus radical. Un seul exemple : pas d’écart dépassant un rapport de un à quatre entre le plus bas et le plus haut salaire dans une entreprise alors que Jean-Luc Mélenchon propose un rapport de un à vingt. Les idées de ces deux candidats sont respectables. Elles sont d’extrême gauche. Pas celles de Jean-Luc Mélenchon, même si certaines aspirations se rejoignent.

Un exemple au hasard. Avec le programme de la France Insoumise, une personne seule paiera moins d’impôts sur le revenu avec le nouveau système qu’avec l’actuel dès lors qu’elle gagne moins de 4000 Euros par mois (8000 Euros pour un couple). Est-ce une mesure d’extrême gauche ? Certes non.

Quant aux chefs d’entreprises qui annoncent vouloir voter Jean-Luc Mélenchon, en particulier ceux des TPE et PME, sont-ils devenus fous ? Est-il question de nationaliser leurs entreprises, de les taxer davantage ? Non, au contraire. Les agriculteurs doivent-ils se regrouper en Kolkkozes ? Ridicule !

Je pourrais multiplier les exemples à l’envie. La politique prônée par Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de #lavenirencommun n’est pas une politique d’extrême gauche. Il suffit d’y réfléchir cinq minutes pour en être convaincu.

IV La liberté de conscience.
On comprend pourquoi l’argument est avancé. Il faut faire peur. Il faut que les électeurs se disent finalement : Macron, Fillon, ils doivent savoir quand même ; ils sont intelligents ; on ne veut pas revenir au temps de l’URSS, de Staline, que sais-je encore…

Mais qui a peur au juste ? Peut-être justement ceux qui se mettent à agiter les épouvantails aussi vieux que leurs arguments…

D’ailleurs, il est un extrémisme bien plus dangereux et à peine évoqué (sauf depuis quelques jours). Qui, pendant des mois, s’est plaint d’un FN à 25% dans les intentions de vote alors que les « importants » avaient scandé sur tous les tons, après les dernières élections régionales, des « plus jamais ça » entrecoupés de « nous vous avons entendus » ?

Alors les gens, lisez, réfléchissez par vous-mêmes comme je l’ai fait moi-même. Comme de nombreux « insoumis l’ont fait ». Et si vous trouvez que le projet d’Emmanuel Macron (pour peu que vous en ayez une idée assez précise, ce qui n’est pas mon cas) est bon pour la France ou bon pour vous, alors votez pour cet homme. Après tout, il représente une vision qui mérité bien d’être exprimée et qui a été ébauchée par notre actuel président de la République (qui s’est exprimé hier et estime que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche).

Faut-il voter par peur ? Parce que le seul choix serait entre la peste et le choléra ? Personnellement, je ne choisis aucune maladie mortelle.

Il nous faut voter en conscience. Et pour ma part, je voterai Jean-Luc Mélenchon qui, comme il l’a dit lui-même à Toulouse le 16 avril dernier, est le candidat de la liberté de conscience.

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