Ce matin, sur BFM-TV, Emmanuel Macron a annoncé, la main sur
le cœur, que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche (https://youtu.be/Ao_2ijRICXQ).
Il est clair que cette déclaration vise à faire peur. Car l’extrême
gauche fait peur, n’est-ce pas ?
Mais creusons un peu. De quoi est-il question ?
I.
La vision d’Emmanuel Macron
Tout d’abord, qui est Macron pour prétendre ce genre de
choses. Un analyste politique ? Un éditorialiste ? Certes non, mais ce
n’est pas une raison sans doute, j’en conviens. Mais dans ce cas, qu’il étaye
ses arguments, qu’il soit factuel, qu’il dise quelles mesures seraient d’extrême
gauche… Même François Fillon n’a pas osé aller aussi loin dans la caricature,
ne qualifiant Jean-Luc Mélenchon « que » de communiste.
Si certaines des mesures prônées par le candidat de la France
Insoumise sont mauvaises pour la France aux yeux d’Emmanuel Macron, ou en tout
cas en contradiction avec ses propres propositions, alors qu’il les cite (ce ne
devrait pas être difficile : elles figurent toutes dans le programme « l’avenir
en commun », disponible depuis des mois). Qu’il les critique, qu’il les
décrédibilise s’il le souhaite, bref, qu’il permette aux électeurs de se faire
une idée concrète sur la manière d’aborder telle ou telle question du programme.
Dire que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche ne fait pas avancer le débat d’un
iota.
Notons au passage que la position libérale d’Emmanuel Macron
sur bien des sujets doit faire passer, à ses yeux, n’importe quelle politique
de gauche pour extrême. La loi travail, dite "loi El Komri" ne va pas assez loin dit-il. Les lois
Macron non plus ajoute-t-il…
Mais cela est une autre histoire.
Et d’ailleurs, « l’attaque » est de bonne guerre.
Nous sommes en campagne électorale et les écarts se resserrent… Admettons, donc !
II.
L’analyse des journalistes, des éditorialistes.
C’est bien Macron qui est interrogé sur la question. Mais par
qui l’est-il ? Et pour quelles raisons ?
Si Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche, ce qui revient
dans nombre de papiers qui confinent à la parodie humoristique, alors les journalistes
eux-mêmes devraient en attester. C’est leur rôle, leur mission. Ils sont là pour
éclairer le citoyen, pas pour les enfermer dans une vision contrite du monde.
Nous attendons d’eux qu’ils étayent les arguments, qu’ils appuient
les soi-disant évidences par des faits, des éléments incontournables. Hélas
cela est si rare… A croire que les journalistes font de moins en moins de
journalisme, ne sont que les relais de leurs employeurs, les quelques milliardaires
qui possèdent la quasi-totalité de la presse écrite en France.
III.
Le fond.
Commençons par dire que Jean-Luc
Mélenchon lui-même, dit ne pas être d’extrême gauche, qu’il souhaite
rassembler, convaincre, entraîner. On pourrait au moins accorder quelque crédit
à cette annonce, maintes fois réitérée. Il s’est toujours situé à l’aile gauche
du Parti Socialiste quand il en faisait partie (jusqu’en 2008). On trouvera
dans ses amis de l’époque de nombreux élus qui réfuteraient eux aussi toute
image extrémiste. C’est un parti qui a gouverné et Jean-Luc Mélenchon lui-même
a été ministre délégué à l’enseignement professionnel dans le gouvernement de
Lionel Jospin (ex-trotskyste qui ne semble pas avoir appliqué une politique d’extrême
gauche).
Les communistes, qui sont unanimement situés à la gauche de
Jean-Luc Mélenchon sur l’échiquier politique, soutiennent la candidature de Jean-Luc
Mélenchon. Ils ont décidé de faire campagne de leur côté mais ils n’adhèrent
pas à la totalité du projet de la France Insoumise. Ils soutiennent un candidat
dont ils pensent qu’il proposer une politique qui va dans le bon sens mais qui,
selon eux, ne va pas assez loin dans les propositions sociales. Il en est de
même de plusieurs syndicats qui voudraient aller plus loin, par exemple sur la
question du SMIC ou du temps de travail. Jean-Luc Mélenchon lui-même a dit que
ce serait au peuple d’en discuter, de revendiquer, pas à lui !
Deux candidats d’extrême gauche se
présentent à l’élection présidentielle. Il s’agit de Nathalie Arthaud (Lutte
Ouvrière) et de Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste). L’un et l’autre
se revendiquent d’extrême gauche et annoncent qu’ils ne souhaitent pas
gouverner. Ils sont dans une stratégie de rapport de force, parlent de
prolétariat, de masses populaires, de grand capital. Il n’est pas dans mon
propose de détailler leur programme dont on verrait que sur quasiment chaque
point, il est différent de celui de la France Insoumise et en tout cas BEAUCOUP
plus radical. Un seul exemple : pas d’écart dépassant un rapport de un à
quatre entre le plus bas et le plus haut salaire dans une entreprise alors que
Jean-Luc Mélenchon propose un rapport de un à vingt. Les idées de ces deux
candidats sont respectables. Elles sont d’extrême gauche. Pas celles de
Jean-Luc Mélenchon, même si certaines aspirations se rejoignent.
Un exemple au hasard. Avec le
programme de la France Insoumise, une personne seule paiera moins d’impôts sur
le revenu avec le nouveau système qu’avec l’actuel dès lors qu’elle gagne moins
de 4000 Euros par mois (8000 Euros pour un couple). Est-ce une mesure d’extrême
gauche ? Certes non.
Quant aux chefs d’entreprises qui
annoncent vouloir voter Jean-Luc Mélenchon, en particulier ceux des TPE et PME,
sont-ils devenus fous ? Est-il question de nationaliser leurs entreprises,
de les taxer davantage ? Non, au contraire. Les agriculteurs doivent-ils
se regrouper en Kolkkozes ? Ridicule !
Je pourrais multiplier les exemples
à l’envie. La politique prônée par Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de
#lavenirencommun n’est pas une politique d’extrême gauche. Il suffit d’y
réfléchir cinq minutes pour en être convaincu.
IV La liberté de conscience.
On comprend pourquoi l’argument
est avancé. Il faut faire peur. Il faut que les électeurs se disent finalement :
Macron, Fillon, ils doivent savoir quand même ; ils sont intelligents ;
on ne veut pas revenir au temps de l’URSS, de Staline, que sais-je encore…
Mais qui a peur au juste ?
Peut-être justement ceux qui se mettent à agiter les épouvantails aussi vieux
que leurs arguments…
D’ailleurs, il est un extrémisme
bien plus dangereux et à peine évoqué (sauf depuis quelques jours). Qui, pendant
des mois, s’est plaint d’un FN à 25% dans les intentions de vote alors que les « importants »
avaient scandé sur tous les tons, après les dernières élections régionales, des
« plus jamais ça » entrecoupés de « nous vous avons entendus »
?
Alors les gens, lisez, réfléchissez
par vous-mêmes comme je l’ai fait moi-même. Comme de nombreux « insoumis l’ont
fait ». Et si vous trouvez que le projet d’Emmanuel Macron (pour peu que
vous en ayez une idée assez précise, ce qui n’est pas mon cas) est bon pour la France
ou bon pour vous, alors votez pour cet homme. Après tout, il représente une
vision qui mérité bien d’être exprimée et qui a été ébauchée par notre actuel
président de la République (qui s’est exprimé hier et estime que Jean-Luc
Mélenchon est d’extrême gauche).
Faut-il voter par peur ?
Parce que le seul choix serait entre la peste et le choléra ? Personnellement,
je ne choisis aucune maladie mortelle.
Il nous faut voter en conscience.
Et pour ma part, je voterai Jean-Luc Mélenchon qui, comme il l’a dit lui-même à
Toulouse le 16 avril dernier, est le candidat de la liberté de conscience.
Rien à redire!
RépondreSupprimerC'est limpide!