Message aux socialistes, aux sympathisants socialistes, aux
sympathisants de gauche, aux communistes, aux sympathisants communistes, aux
écologistes, aux centristes, aux patriotes, aux humanistes, aux républicains au
sens large, aux déçus de la politique, à ceux qui voudraient voter FN parce
qu’ils sont désemparés, aux abstentionnistes potentiels… (j’en passe, et des
meilleurs).
Nous sommes devant un choix. La France est devant un choix.
Ferons-nous ce choix ou choisirons-nous de ne pas
choisir ?
La situation est grave mais elle n’est pas désespérée. Je
m’en explique ici.
CHOIX 1 : Le social-libéralisme de Macron
Le Programme de Macron est (enfin) sorti : https://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme.
C’est un programme social-libéral dont chacun pourra voir qu’il est plus libéral que social
et qui est soutenu globalement par la
finance. De nombreux « observateurs » disent que ce programme
dépasse les clivages ; je leur conseille d’observer un peu mieux…
Ce programme est proposé par un homme qui, s’il a le visage
de la jeunesse, n’est pas un candidat
anti-système. Il ne l’a jamais été et propose d’ailleurs un certain nombre
de choses qui vont dans le sens des différents systèmes proposés précédemment
avec le (non)succès que l’on sait. Sans qu’on sache exactement ce que cela
signifie, il veut aller plus loin que François Hollande et ne s’en est jamais
caché.
Cet homme, par ailleurs, a fait un certain nombre de
déclarations que je trouve contestables et assez peu compatibles avec une
fonction d’homme d’état, mais chacun en jugera.
Chacun est en droit de penser qu’Emmanuel Macron incarne le
renouveau, les valeurs de la gauche, que sais-je encore. Je ne le crois pas et
lui-même s’en est toujours défendu. D’autres peuvent penser que les idées qu’il
défend sont conformes à leurs propres idées. C’est la démocratie et il est
normal qu’un candidat incarne cette vision.
Ce qui n’est pas
normal en revanche, c’est de penser qu’il faudrait voter Emmanuel Macron pour
contrer le Front National (voire François Fillon), que cet homme
providentiel serait notre dernier espoir. Mais une élection présidentielle, ce
n’est pas Star Wars…
CHOIX 2 : La gauche dite « radicale »
Benoît Hamon a une politique clairement positionnée à gauche.
Pour ma part, je n’y adhère pas complètement, mais là n’est pas la question. Ce
« courant politique a été officiellement soutenu par de nombreux électeurs
lors de la primaire dite citoyenne. Or, c’est bien le PS actuel, qui est
globalement contre ce courant, qui soutient Benoît Hamon : c’est aussi lui
qui a investi les candidats socialistes (et assimilés…) aux législatives et il
est facile de voir qu’ils ne sont pas tous d’ex-frondeurs, loin de là. On
notera au passage qu’a priori, 50%
des sympathisants PS pensent voter pour Macron (cf. partie précédente…). Des
ténors du PS, dont Emmanuel Valls, ont d’ailleurs laissé entendre qu’il ne
fallait rien exclure.
Maintenant, sur le fond, il y a des points de convergence entre le programme de Benoît Hamon et celui
de la France Insoumise soutenue par J-Luc Mélenchon. Des points de divergence aussi. Si on fait de la « politique
politicienne » en additionnant les intentions de vote actuelles de ces
deux candidats, on avoisine les 30%. On est donc très proche et même au-dessus
des scores de François Fillon, Marine Le Pen ou Emmanuel Macron. Cet électorat
est assez stable, très peu volatil. Cela signifie que la force politique représentée par Hamon et Mélenchon existe, qu’elle
est ancrée dans le paysage politique. Mieux : qu’elle peut être une vraie
force de gouvernement.
Une union Macron-Mélenchon n’a pas été possible.
Contrairement à ce certains veulent faire croire, ce n’est pas une question
d’égo. Dont acte !
Mais, maintenant que les choses sont à peu près claires pour
tous, que va-t-il se passer si rien ne change au niveau de la dynamique ?
C’est assez simple : échec de l’un et de l’autre. Donc, il faut changer la dynamique.
CHANGER LA DYNAMIQUE
Benoît Hamon sait
maintenant qu’il ne peut plus gagner la présidentielle. Le PS le sait. Les
sympathisants PS le savent et parmi eux, nombreux sont ceux qui s’orientent
vers Macron, non forcément par choix mais par « stratégie » (je
rappelle au passage que nous ne sommes pas des stratèges ; nous sommes « juste »
des citoyens). La seule perspective pour Hamon est donc de gagner le PS, de changer les choses de l’intérieur, de reconstruire
un parti vieillissant, usé, défait. Il ne peut plus y avoir aucun doute sur
cela.
Bien sûr, quand je dis que Hamon va perdre, le
« danger » est le même pour J-Luc Mélenchon. Pourtant, il y a là une
différence fondamentale et elle réside dans le programme de la France Insoumise, dans la construction des choses,
dans la clarté des objectifs, dans la volonté de convaincre par l’intelligence, etc.
Autrement dit, J-Luc
Mélenchon peut gagner mais cela ne peut se faire que si un certain nombre
de ceux qui envisagent de voter pour d’autres candidats choisissent finalement
de le soutenir, par exemple :
- Ceux qui pensent voter Macron par dépit ou par
peur du FN;
- Ceux qui pensaient voter Jadot et qui se
demandent quel programme met l’écologie au centre de sa démarche ;
- Ceux qui pensaient voter Bayrou mais qui ne se
retrouvent pas dans les candidats qui restent après sa défection ;
- Ceux qui croient au vote utile (et qui selon
moi, devraient s’intéresser au vote NÉCESSAIRE) ;
- Ceux qui ont peur de l’inconnu (et pourtant, les
propositions de la France Insoumise sont claires) ;
- Ceux qui pensent que le programme de la France
Insoumise n’est pas applicable (et à qui il conviendrait de demander en quoi et
pourquoi) ;
- Ceux qui, se pensant trop bêtes, écoutent avec
foi ce qui se dit dans la plupart des médias officiels peuplés de vrais
faux-spécialistes, et se privent ainsi de penser par eux-mêmes ;
- Ceux qui comptent voter FN sans en partager les
idées mais qui pensent que les autres, c’est « tous pareils » ;
- …
J’en arrive à ma conclusion. Si ceux-là et bien d’autres décident de gagner au lieu de se résoudre à
perdre, s’ils décident de voter pour des idées et non pour un « moindre
mal », alors nous gagnerons.
Point de stratégie là-dedans, juste l’évidence. La balle est
dans votre camp. La balle est dans notre camp.
J-Luc Menet, mars 2017