Un blog de plus ? Un blog pour qui, un blog pour quoi, un blog pourquoi ?

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Cet espace est alimenté bien maladroitement (et peut-être pas assez souvent) par une poignée de personnes souhaitant réfléchir à quelques problèmes sociétaux. Fous que nous sommes, nous désirons soumettre le fruit de cette réflexion à la sagacité des uns et des autres. Le tout dans un esprit d’ouverture et de bonne franquette. Avouons-le dès à présent, nous sommes des Insoumis et à ce titre (nous y reviendrons souvent), nous partageons l’essentiel des idées du programme de l’avenir en commun. Mais à vrai dire il est une seule chose qui anime notre pensée, qui fédère notre action, qui alimente nos réflexions, et elle tient en quatre mots : l’humain d’abord.

Nous n’obligeons personne à partager nos goûts et nos idées, mais nous tenons aussi à ce que ce soit réciproque. Nous souhaitons proposer des solutions, partager des informations, favoriser les échanges, élever le débat, vivre… Il y sera question d’éducation, de poésie de temps à autre, de « canchons » (eh oui, nous sommes nordistes), d’environnement souvent, de littérature parfois, de culture si nous y parvenons, de jardinage peut-être, de mode de vie sans doute… mais surtout de politique. Quoi de plus normal en cette année présidentielle… et au-delà.

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jeudi 4 mai 2017

Des hauts et débat



Quel pitoyable spectacle que ce débat d’entre deux tours d’hier soir…
Au point que, je l’avoue, j’ai craqué avant la fin.

Une bagarre de cour de récré entre une petite peste et le premier de la classe.
Une avalanche de « c’est çui qui l’dit qu’il y est », des « c’est moi le meilleur ! » ou des « toi, tu fais jamais rien ! ».
Des mensonges. Des insultes aussi, ou quasiment.
Et personne dans la cour de l’école pour arrêter les enfants, les faire rentrer dans le rang.

Pitoyable spectacle diffusé en direct, et pas seulement en France.
Et depuis, des centaines, des milliers de posts sur les réseaux sociaux, ridiculisant l’un ou l’autre des candidats, certains devenant viraux.
Ne l’oublions pas, l’un de ces deux-là sera président dans trois jours. Il représentera la France à l’étranger. Un minimum de respect mutuel eût été de bon aloi.

Et par-delà l’image, les mots. De la violence à l’état pur. Verbale bien sûr, mais de la violence quand-même.
D’un côté, la violence du mépris, la hargne, la haine de l’autre, la mauvaise foi, un irrespect total.
De l’autre côté, la violence de cette société qui nous est promise, la dureté du monde qui pourrait être le nôtre bientôt, dès dimanche soir.

Qui oserait appeler cela un débat ?
À chaque élection présidentielle, on nous ressort la petite phrase d’un tel qui, lors d’un débat précédent, aurait fait basculer l’élection (ce que, d’ailleurs, je ne crois pas). Le « vous n’avez pas le monopole du cœur », le « vous êtes l’homme du passif », le « les yeux dans les yeux, je vous le dis », le « bien entendu, monsieur le premier ministre », le « il y a des colères très saines » ou encore le célèbre « moi, président ». Chacune de ces interventions était ciselée, savamment préparée, dispensée au bon moment.
En 2017, il y a eu tant de petites phrases qu’on pourrait en faire un catalogue. Mais il n’était plus question de ciseler. On a tranché dans le vif, on y est allé franco. Tous les coups étaient permis. À la guerre comme à la guerre ! On se serait cru dans une émission de télé-réalité.

Hier, nous n’avons pas eu notre débat. Ce fut un combat. Mais pas un combat d’idées, juste un combat au corps à corps.
Où donc est passé le débat démocratique ?
Et ce qui nous arrive, l’avons-nous mérité ? Les français l’ont-ils mérité ?


Au premier tour, il fallait faire barrage au Front National, mais pas trop quand même, histoire qu’on soit certain de le retrouver au second tour. C’était le rêve de chacun des candidats, persuadé que face à Marine Le Pen, il gagnerait. Alors, tout fut bon pour y parvenir. La bataille fut gagnée de justesse mais elle fut gagnée. Et après ce barrage raté du premier tour (car si Marine Le Pen s’est qualifiée, c’est bien que la stratégie du barrage a échoué), le même argument nous est resservi. Avec un mot magique en prime, celui qu’on utilise inlassablement depuis vingt ans, celui du front républicain.

Hier soir, j’aurais aimé qu’ait lieu un autre débat. Un débat qui aurait opposé deux politiques, un débat qui aurait mis l’humain au centre de la discussion, un débat qui aurait évoqué l’urgence démocratique, un débat qui aurait évoqué les grands problèmes du monde et en particulier les questions écologiques.
Après, les gens auraient choisi. Et peut-être bien que ça n’aurait rien changé au final. Allez savoir…
Mais nous aurions pris de la hauteur, nous aurions eu l’impression d’être plus intelligents, d’avoir compris des choses, d’être écoutés, peut-être même d’être entendus.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, on m’a volé mon élection, on m’a volé mon second tour.
Mélenchon, hier, tu m’as manqué.

J-Luc Menet