Et si ?... ("Petites" interrogations à propos de
l' #LEmissionPolitique du 23 février 2017)
Nombreux sont ceux qui ont été étonnés, voire
scandalisés, par les méthodes employées lors de l’émission politique du 23
février 2017 sur France 2 dont l’invité était Jean-Luc Mélenchon. Je n’échappe
pas à la règle.
Tout d’abord, je suggère à ceux qui ont du temps de
regarder cette émission et de se faire leur propos jugement : (https://www.youtube.com/watch?v=Rbo6bGtOxjE).
L’intérêt de YouTube est aussi que
vous pouvez « zapper » des passages, accélérer, etc. Sur le fond,
bien entendu, chacun est libre d’écouter, de réécouter. Peut-être
parviendrez-vous, si vous êtes en forme et suffisamment concentré, à
reconstituer le propos de J-Luc Mélenchon tant il a été régulièrement coupé
dans ses démonstrations. L’homme a par ailleurs éprouvé les plus grandes
difficultés pour développer les points forts du programme politique dont il est
le représentant.
Donc, pour ce qui est du fond, je vous laisse juges.
On peut aimer ou pas, adhérer ou pas, totalement ou partiellement. C’est la
démocratie et Mélenchon, pas plus que n’importe qui, n’est le sauveur ultime,
notre messie politique… Non, je parle ici de méthode. C’est cela que je
conteste.
Vous l’aurez compris, je soutiens la candidature de
J-Luc Mélenchon ; donc quand il est attaqué, je souffre et je m’insurge,
n’est-ce pas ? Mon esprit d’analyse est immédiatement annihilé par le
fait que « mon » candidat est mis à mal par de sérieux journalistes.
Foutaises !
L’émission vue par ma pomme
Tout commencé par la présentation de JLM, un
modèle du genre (tout début de la séquence). Le voilà, avant même que commence
l’émission, rhabillé pour l’hiver. Puis allez, un coup de Hamon il faut le
rejoindre, faire comme Jadot le soir même (comme ça tombait bien). Évidemment,
les propositions forcées des journalistes dépassent le stade de
l’alliance : il faut que JLM se retire derechef au profit de Hamon. JLM
est coincé dès le début, mais il s’en sort bien. Il redit ce qu’il a déjà
énoncé maintes fois. Mais il commence à élever le ton (c’est un
sanguin !).
Puis un coup de Marine, un coup
de Poutine, un coup de droits de l'homme, et que je te dis gentiment que c'est
factuel blablabla.
Et l'autre, Lenglet (*) le
spécialiste intergalactique en économie (qui n’a aucun diplôme en économie) qui
se pointe avec une paire de Nike et avec ses chiffres sur le commerce extérieur,
sur le fait que la croissance va augmenter les importations (allons bon,
seulement pour JLM alors, pour les autres non ?), le tout sur un ton
condescendant et le calme de celui qui sait. Et un petit coup de comparaison
avec Marine Le Pen au passage avec un tableau qui défile et que personne ne
peut lire sur les points communs prétendus. Là aussi, JLM tente de se défendre,
d’argumenter, mais il est coupé sans arrêt. Lenglet lui-même, en quittant le
plateau, semble se demander s’il n’est pas allé trop loin.
Et cette journaliste de renom,
future prix Pulitzer à n’en pas douter, Léa Salamé avec ses faits, ses preuves
irréfutables, toujours annoncées, mais jamais montrées.
Et David Pujadas, bientôt
Pulitzer lui aussi, qui déstabilise au lieu de poser des questions sur tel ou
tel point, qui dit à Torreton que ce n’est pas cela qu’il doit dire qui finit
par dire aux gens de ne pas applaudir JLM.
Et maintenant, M. Mélenchon,
choisissez un thème : Castro, Amnesty International ou Poutine (un piège
tellement visible qu’il en est risible). JLM choisit Amnesty et Pujadas qui lui
dit qu’on ne l’entend pas parler des droits de l’homme. Là aussi, énervement de
JLM et réponses.
Puis l'Europe ! Et Léa
Salamé qui demande à JLM si pour l'histoire il sera le président qui aura mis
la France hors de l'Europe... J’en passe.
Viennent ensuite, les citoyens
lambda : une mairesse LR et pro nucléaire (faut pas arrêter le nucléaire, car
ça fournit des emplois et il n’y a aucun problème de sécurité). Admettons !
Puis, alors que l’affaire Théo est au cœur de l’actualité avec cette histoire
de délits de faciès, un flic noir de Guadeloupe qui travaille à la BAC et qui
finit par dire des choses « hors champ » (on apprendra plus tard
qu’il avait un prompteur). On croit rêver. Et enfin une pauvre dame blanche
qu’on dit être SDF suite à la fermeture de son restaurant (qui n’était pas le
sien), et qui ne va pas bien du tout à cause des méchants migrants qu'il faut
ramener chez eux, et paf, une nouvelle référence à Marine Le Pen (on apprendra
plus tard que la situation de la dame est très éloignée de ce qui est prétendu
et qu’elle est par ailleurs une militante FN affirmée… C’était pourtant facile
à vérifier). Des citoyens lambda, donc : pourquoi eux au lieu d'un
chômeur, un fonctionnaire, un salarié à la chaîne, que sais-je encore ? ...).
Arrive Pécresse qui a fait de la
politique, critiqué le parti de gauche en région parisienne (elle a dit
"front de gauche") alors qu'on aurait dû confronter des visions :
celle de Fillon qu’elle soutient et celle de JLM. Que nenni ! Une femme en politique, ça a le droit de penser
annonce-t-elle, laissant entendre, entre les lignes que JLM serait misogyne… JLM
a du mal à en placer une. Pécresse est en plein monologue et personne ne la
coupe. Par ailleurs, on l’entend mieux et plus fort que JLM (problème de
son ? Ben voyons !)
Et à un autre moment, Monsieur
Mélenchon, est-ce que vous condamnez les violences ? Et derrière, on voit
des poubelles qui brûlent.
Je passe sur l’épisode final
avec Charline Vanhoenacker (j’aime bien ce qu’elle fait, généralement) qui
offre à JLM la veste de survêt’ de Castro avec en fond d’écran, Fidel
vieux, presque mourant et d’autres dictateurs avec la même veste ; ça aurait pu
être drôle, mais après tout le tralala précédent, c’était lourd.
Viennent ensuite les
chiffres : JLM a-t-il convaincu ? 37% seulement le pensent et il est dit
que c'est un score très moyen alors que 57 % des sympathisants de gauche le
trouvent bien (donc une petite moitié ne le trouve pas convaincant, dit le
journaliste Karim Rissouli, futur prix
Pulitzer lui aussi). Bon, sauf erreur, c'est bien les gens de gauche qui
vont voter pour JLM alors c'est bien eux qui comptent et si 57% pensent qu'il a
été convaincant, c'est bien, non ? Et voilà qu'on le compare encore à Hamon.
Globalement, tous les échanges
furent tendus, mais JLM a tenu bon, il s'en est bien sorti. À 65 ans, après
2h30 d'attaque, fallait le faire d'être encore lucide)
Restera quand même la méthode et surtout l’idée que
J-Luc Mélenchon n’a pas su garder son calme. C’était sans doute l’un des
objectifs. Non annoncés bien entendu.
Ce qui se dit ailleurs
Suis-je le seul à avoir ce regard sur
l’émission ?
Voici un article de blog qui résume assez bien (et
mieux que moi) les choses
Libération retient les points importants avec un vrai
regard critique
Le Monde fait une bonne analyse selon moi :
Pour une vision plus globale, n’hésitez pas à regarder
les deux émissions dont l’invité était Benoît Hamon (https://youtu.be/CP_zF02ylvE)
et Marine Le Pen (https://youtu.be/tdAsfirstgc).
Pour trouver ces papiers, j’ai simplement fait une
recherche grâce à mon ami Google. Il y a
d’autres articles ? Chacun pourra les trouver.
Tant que j’y suis, ça vous intéresse, les
audiences ? (source : Wikipédia)
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1 722 000
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8,0 %
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1 900 000
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8,4 %
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3 480 000
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16,7 %
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2 718 000
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12,6 %
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Mais
mieux que Hamon, mieux que Valls. Et en fait, mieux que quasiment tous les
invités à cette émission depuis qu’elle existe (source : Wikipédia et
toutelatele.com)
Vous avez dit "traquenard" ?
Lors de son meeting à Strasbourg, le jour où JLM a
lancé un appel à Hamon, il avait annoncé que cette émission serait un
traquenard. Elle le fut.
Alors, je me suis dit que c’était étrange, quand on
est un animal politique comme Mélenchon, de tomber dans ce traquenard.
Or, comme je l’ai écrit plus haut, de nombreux
journaux ont retenu les points importants, pas la méthode, pas l’énervement…
Aurais-je donc une vision tronquée des choses ?
La veille de l’émission, JLM avait annoncé qu’il
souhaitait convaincre les indécis ?
http://www.liberation.fr/france/2017/02/23/melenchon-compte-sur-la-tele-pour-convaincre-les-indecis_1550392
Donc, JLM voyait dans cette émission un traquenard
annoncé par ailleurs il souhaitait convaincre les indécis.
C’est au regard de ces deux éléments que je me suis
dit la chose suivante : oui il y avait un traquenard et non, JLM n’est pas
tombé dedans. Le piège était tellement grossier que chacun a pu le voir. Quant
aux indécis, ils ont vu un homme qui défendait pied à pied ses idées, quelqu’un
qui ne se laissait pas démonter, un homme qui, s’il était président, saurait
résister à tous les pièges qu’on ne manquerait pas de lui tendre aussi. Un
président qui saura dire non. Un président qui saura représenter les intérêts
du peuple qui l’aura élu.
C’est du moins ma conviction.
J-Luc Menet, 26 février 2017
(*) Pour compléter votre réflexion, voici un petit
article de blog sur François Lenglet, en lien avec l’émission et d’autres
interventions : https://blogs.mediapart.fr/adrien-daquin/blog/250217/lettre-francois-lenglet