Il y a eu bien sûr l’investiture, cette longue marche au Louvre, cette ombre portée sur la pyramide, ces messages subliminaux rappelant d’autres temps. La place de la première dame aussi. Avons-nous élu un roi (enfin, je dis « nous », vous me comprenez…) ? Et les saluts sur les champs Élysées faits à des spectateurs inexistants au point que même les chaînes de télé avaient du mal à trouver des angles adéquats. Et puis les ministres, tous ayant montré où allait leur cœur, quelle serait leur politique ; tu issus du sérail, des femmes et des hommes d’affaires. Sauf Nicolas Hulot bien entendu. Bon, rien d'étonnant en fait. Après tout, le programme était connu, du moins dans les grandes lignes, même si les journalistes ont passé leur temps à le prétendre de gauche. Si c’est cela la gauche, alors il faut que je révise mon histoire.
Mais ce n’est pas tout. Depuis que le candidat Macron est devenu officiellement le président de la république française, la machine médiatique s’est remise en route. Il n’y en a que pour lui et le mouvement « En marche », rebaptisé la « République En Marche » (REM), on se demande bien pourquoi. Le programme est à nouveau décliné, mais avec un angle de vue tout à fait choisi (oh, le beau programme qui va réussir, oh, les candidats issus de la société civile, oh les LR qui rejoignent REM, oh le PS qui penche vers REM…). J’ajoute que les quelques sondages qui sont distillés annoncent REM gagnant alors que si on creuse, rien n’est joué, au point que les médiacrates ne montrent de ces sondages que ce qui les arrange. Ainsi, tout va être fait, et cela a commencé, pour nous mettre dans la tête que l’affaire est dans le sac, que tout est joué d’avance. Et c'est tout juste si c’est la peine d’aller voter... J’u reviendrai.
Allumez la télé ou la radio, ouvrez un journal et vous verrez que la France Insoumise est inexistante ou qu’elle est citée de manière anecdotique. Depuis dix jours, Jean-Luc Mélenchon parcourt la France et soutient nos candidats. A chaque déplacement, il y a foule. Les événements se mettent à ressembler à des meetings. Et qui en parle ? Personne ou presque. Comme si les presque 20% de l’homme à l’élection présidentielle n’avaient pas existé.
Commençons par regarder qui sont ces candidats REM issus de cette pseudo société civile. Pour la plupart, avocats, patrons, cadres supérieurs. Le fait de les qualifier de société civile les rend-t-il plus proches du peuple ? Combien d’ouvriers, combien de salariés, combien de chômeurs, combien d’étudiants, combien de retraités, combien de « petits fonctionnaires », combien de femmes en position de l’emporter ? C’est donc cela, la société civile ? Admettons, mais pourquoi mettre cela en avant, comme une nouveauté, une exception ? Car La France Insoumise, de son côté, a investi des gens du peuple, des personnes aussi diverses qu’il est possible de l’être, des citoyens de tous statuts sociaux, de tous âges, des syndicalistes, des associatifs, des militants, des intellectuels, des ouvriers, la plupart novices en politique ; et ces gens qui sont sur le terrain depuis des mois, faisant du porte à porte, tractant jusqu'à la nuit, loin des caméras. Mais de cela, personne ne parle.
Et puis, REM a poussé le bouchon assez loin pour ne pas investir de candidats face aux ténors du précédent gouvernement ou de LR. Ils ont été désavoués, battus aux primaires, et les voilà adoubés, prêts à manger au râtelier de notre nouveau président. Là non plus, rien d’étrange. Qui en doutait ?
Au soir du second tour, le nouveau président a tout de suite fait savoir par ses porte-paroles qu’il avait été plébiscité et que les gens l'avaient élu pour appliquer son programme. Et depuis, l’argument tourne en boucle. Jusqu’à ce qu’il nous rentre dans la tête.
Allons bon. Avant le premier tour, Valls en tête, nombreux étaient ceux qui avaient déjà dit qu’il fallait voter Macron pour faire barrage au FN. Malgré cela, non seulement le FN s’est retrouvé au second tour (tu parles d’un barrage...), mais le score de Macron ne fut pas si élevé que cela. A peine plus d’un quart des voix, l’un des plus mauvais scores au premier tour d’un président élu sous la 5è république. Mais cela n’a pas suffi et au soir du premier tour, il fallait à nouveau faire barrage au point que Jean-Luc Mélenchon, qu’on qualifiait deux jours plus tôt d’immonde dictateur, a essuyé mille attaques pour ne pas avoir donné de consigne de vote autre que celle de ne pas voter pour Marine Le Pen… Tu parles d’un dictateur…
À la sortie, seulement une semaine après son investiture, Macron était crédité de seulement 45% d’opinions favorables, un record. C’est donc cela, le plébiscite ?
Car le président veut aller vite, et pour cela, il compte gouverner seul ou presque. Revenons aux candidats de REM ; ces gentils « sociétaires civils » vont servir à peu près à une seule chose, au moins dans un premier temps : voter une loi qui leur permettra de ne plus voter de lois, donnant ainsi les pleins pouvoirs au président qui souhaite gouverner par ordonnances. Bref, c’est du 49-3 plus-plus.
Une autre idée circule en ce moment : on devrait paraît-il donner sa chance à Macron au prétexte qu’il faut essayer ce qu’il propose, que ça ne mange pas de pain. Autrement dit, il faudrait aller jusqu’à voter pour REM, même si on n’est pas d’accord avec le programme. Macron a été élu après tout, c’est donc pour appliquer « sa » politique (voir l’argumentaire ci-dessus sur cette question). Mais, qu’on se le dise, cette politique a déjà été essayée. Un peu partout dans le monde comme en Europe. Et en France par Macron lui-même (doit-on rappeler la question du travail le dimanche, l’ubérisation de la société, j’en passe et des meilleurs ?) ou par El Khomri qui ne cache pas son soutien au président. Donc, on a déjà essayé et ça n'a pas marché. Alors le président Macron veut aller plus vite, plus loin, plus fort. On peut être d’accord avec cela ; nous sommes en démocratie. Mais si on est contre, on ne doit pas souscrire à cette mascarade. Épargnons-nous la tristesse à venir, les regrets et les remords, les manifestations, le troisième tour social. Pour cela, il faut voter pour ses convictions, pour un programme.
Une élection, ce n’est pas un calcul politique ni un blanc-seing, une élection ça sert à exprimer des idées et à voter pour celles et ceux qui les portent, celles et ceux qui écriront les lois, celles et ceux qui gouverneront le pays. Car je le rappelle ici, les députés servent à cela et c’est sur la base d’une majorité que le pays est gouverné par un premier ministre. La président n’a pas ce rôle-là.
Pour ma part, vous l’aurez compris, je milite pour La France Insoumise et son programme l’avenir en commun (www.LAEC.fr). Que ferais-je d’autre ? Devrais-je trahir mes opinions au prétexte que nous avons perdu l’élection présidentielle ?
Non seulement je pense qu’il ne faut pas donner les pleins pouvoirs au président Macron (on sait d’ailleurs ce qu’il en fera), mais je pense que la victoire est possible.
Les 11 et 18 juin prochains, je plaide pour que nous votions massivement pour les candidats de la France Insoumise. Et pour ma part, je ne serais pas contre un premier ministre qui se nommerait Jean-Luc Mélenchon.
D'ici là, il nous faut avancer, convaincre. La victoire est possible. La victoire est souhaitable.
Et attention, seuls les candidats dont des bulletins de vote avec le PHI et la photo de Jean-Luc Mélenchon, sont investis par la France Insoumise.
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