Un blog de plus ? Un blog pour qui, un blog pour quoi, un blog pourquoi ?

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Cet espace est alimenté bien maladroitement (et peut-être pas assez souvent) par une poignée de personnes souhaitant réfléchir à quelques problèmes sociétaux. Fous que nous sommes, nous désirons soumettre le fruit de cette réflexion à la sagacité des uns et des autres. Le tout dans un esprit d’ouverture et de bonne franquette. Avouons-le dès à présent, nous sommes des Insoumis et à ce titre (nous y reviendrons souvent), nous partageons l’essentiel des idées du programme de l’avenir en commun. Mais à vrai dire il est une seule chose qui anime notre pensée, qui fédère notre action, qui alimente nos réflexions, et elle tient en quatre mots : l’humain d’abord.

Nous n’obligeons personne à partager nos goûts et nos idées, mais nous tenons aussi à ce que ce soit réciproque. Nous souhaitons proposer des solutions, partager des informations, favoriser les échanges, élever le débat, vivre… Il y sera question d’éducation, de poésie de temps à autre, de « canchons » (eh oui, nous sommes nordistes), d’environnement souvent, de littérature parfois, de culture si nous y parvenons, de jardinage peut-être, de mode de vie sans doute… mais surtout de politique. Quoi de plus normal en cette année présidentielle… et au-delà.

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mardi 12 juin 2018

Ruissellement : pour que les petits ruisseaux fassent les grandes rivières


Un an d’absence. Un peu plus en fait. Un an passé, non pas à seulement digérer la défaite (il a quand même fallu quelques semaines tant la victoire semblait à portée de mains ; et elle l’était…), mais à lire, à imaginer, à se restructurer.

Je sais ce que je suis. Un militant, un acteur, mais aussi et surtout un intellectuel. L’un n’empêche pas l’autre bien entendu, au contraire. On m’a vu sur telle ou telle manif’, tel ou tel mouvement, on m’a vu marcher auprès d’autres, avec d’autres. Mon compte Facebook s’est peu à peu politisé… Mais il est vrai que c’est ailleurs que je suis le plus à l’aise.

Alors, comme beaucoup, j’ai parcouru le web, j’ai lu, je me suis documenté, j’ai regardé se faire cette majorité pharaonique, j’ai regardé ses projets se mettre en place et bien entendu, je les ai contestés. Tous. Mon attitude était assez étrange en fait. Je regardais cela un peu comme un scientifique qui, dans son labo, conduit une expérience et se dit : « et si je me trompais ? Et si, finalement, le monde allait mieux après, et s’il devenait plus équitable, plus juste ? Et si j’étais aveuglé par mes propres croyances, mes propres convictions, mes propres envies, ma révolution intérieure ? Macron, après tout, était peut-être un peu de gauche… Un tout petit peu… ». Bon, je ne me faisais pas d’illusions et d’ailleurs, la politique menée par le gouvernement Philippe m’a vite donné raison. Mais j’étais comme ankylosé. Je me disais qu’après tout, j’avais la conscience tranquille, que je n’ai pas voulu cela, que j’ai fait ma part de travail. Qu’ils se « démerdent », tous autant qu’ils sont, les déjà déçus du Macronisme. Après tout, ceux qui ont voté Macron, ceux qui lui ont donné cette majorité absolue (dans tous les sens du terme) sont les seuls responsables, pas vrai ? Et d’ailleurs, puisque le peuple a parlé, alors il faut s’incliner… (Mais le peuple a-t-il parlé ?). J’étais donc à la fois dans l’action et en dehors d’elle. Expectatif mais contemplatif.

Du coup, ce blog s’est endormi. À quoi avait-il servi d’ailleurs ? Quelques commentaires bien rares, pas tous favorables d’ailleurs (et c’est bien normal). Quelques articles « likés », quelques pouces bleus sur Facebook, les pouces bleus de ceux qui sont déjà convaincus. À quoi bon ?...

Et puis, peu à peu, la coupe s‘est à nouveau remplie. J’étais contemplatif, je l’ai dit. Je regardais donc cette coupe se remplir, comme on regarde la pluie tomber dans une bassine laissée dehors, à la fois triste face à cette grisaille ambiante, tellement déçu que la météo ne se soit pas trompée alors qu’on le savait, la météo se trompe rarement. Mais qu’importe, ce n’était pas mon problème. Qu’il pleuve pendant 5 ans après tout… Je me préparais à la suite, j’agissais, je préparais l’avenir (la saison sèche !) mais en attendant, il suffisait juste de rester chez soi (en soi) ou de se munir d’un parapluie, d’attendre que ça passe. Même si on sait que ça ne passera pas.

Mais la coupe est pleine maintenant. Pourquoi, je l’ignore, mais elle est pleine et je ne le supporte plus. Il y en a eu trop, de ces projets faits pour casser ce que nos aînés ont construit, trop de mépris a été dispersé, trop de mal a été répandu, trop de gens ont souffert. Et je ne suis pas de ceux-là ; après tout, à titre personnel, la politique actuelle ne me va pas si mal… Quoique…

Quelle est la goutte qui a fait déborder cette coupe ? Je l’ignore, tant elle fut insignifiante par rapport aux autres. C’était juste une goutte de plus, une goutte anonyme de la théorie du ruissellement, une goutte ridicule, une goutte inoffensive. Elle fut pourtant la dernière. Elle ne se mélangea jamais à l’eau dans la coupe.

Or des coupes, il y en a beaucoup. Et je me dis que peut-être, toute cette eau qui se déverse à côté, on pourrait la canaliser, on pourrait en faire un ruisseau. Et s’il y a beaucoup de ruisseaux, alors une rivière coulera, un fleuve peut-être, une mer qui sait, un océan. Et moi, je serai dessus, sur ma fragile embarcation, fragile chrysalide sur le point de se transformer.

Une chrysalide insoumise.

2 commentaires:

  1. Moi aussi, j'y avais cru...
    Moi aussi, je me suis dit : "Ils ont voté Macron, qu'ils se (s'en!!!) démerdent !
    Et moi aussi, j'ai pris de la distance...
    Je me suis ankylosé dans une fausse insouciance entretenue par l'égoïsme ambiant, l'égoïsme d'état...
    Je n'en suis pas encore sorti... Parce que je ne me suis toujours pas remis de cette immense déception qui, au-delà de l'élection de Macron, a été ce rejet d'un mouvement pourtant humaniste et qui s'en revendiquait!
    Je me suis enguirlandé, énervé, fâché avec tant de gens qui cherchaient les arguments les plus bas pour justifier leur rejet... Ils ont canalisé leur hargne sur le porte-parole du mouvement... L'ont accusé de populisme et pire encore... Et l'objectivité dans tout ça???
    Et bien entendu, je ne pouvais que me rappeler que "Chacun voit midi à sa porte..."!
    Mais tant sont aveuglés par leurs préjugés...
    Et tant d'autres béats (peut-être moi y compris!) devant l'espoir et le refus de la fatalité...
    Et pourquoi serait-ce Macron ou le fascisme ???
    ...
    Alors ce petit ru qui commence à glouglouter et qui m'apporte un peu de fraîcheur, me fera peut-être sortir de ma morne torpeur...
    Pour l'instant, je n'en suis qu'au stade de la molécule vaporisée...
    Mais peut-être qu'un épisode de condensation me fera rejoindre ce filet d'eau...
    Je l'appelle de mes voeux!
    L'espoir s'il ne fait pas vivre est peut-être suffisant pour survivre... et avancer...

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    1. Levons le menton
      Face aux moutons
      Ce blog, alimentons

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