Un an d’absence. Un peu plus en fait. Un an passé, non pas à
seulement digérer la défaite (il a quand même fallu quelques semaines tant la
victoire semblait à portée de mains ; et elle l’était…), mais à lire, à
imaginer, à se restructurer.
Je sais ce que je suis. Un militant, un acteur, mais aussi
et surtout un intellectuel. L’un n’empêche pas l’autre bien entendu, au
contraire. On m’a vu sur telle ou telle manif’, tel ou tel mouvement, on m’a vu
marcher auprès d’autres, avec d’autres. Mon compte Facebook s’est peu à peu
politisé… Mais il est vrai que c’est ailleurs que je suis le plus à l’aise.
Alors, comme beaucoup, j’ai parcouru le web, j’ai lu, je me suis documenté, j’ai regardé se faire cette
majorité pharaonique, j’ai regardé ses projets se mettre en place et bien
entendu, je les ai contestés. Tous. Mon attitude était assez étrange en fait.
Je regardais cela un peu comme un scientifique qui, dans son labo, conduit une
expérience et se dit : « et si je me trompais ? Et si,
finalement, le monde allait mieux après, et s’il devenait plus équitable, plus
juste ? Et si j’étais aveuglé par mes propres croyances, mes propres
convictions, mes propres envies, ma révolution intérieure ? Macron, après
tout, était peut-être un peu de gauche… Un tout petit peu… ». Bon, je ne
me faisais pas d’illusions et d’ailleurs, la politique menée par le gouvernement
Philippe m’a vite donné raison. Mais j’étais comme ankylosé. Je me disais qu’après
tout, j’avais la conscience tranquille, que je n’ai pas voulu cela, que j’ai
fait ma part de travail. Qu’ils se « démerdent », tous autant qu’ils
sont, les déjà déçus du Macronisme. Après tout, ceux qui ont voté Macron, ceux
qui lui ont donné cette majorité absolue (dans tous les sens du terme) sont les
seuls responsables, pas vrai ? Et d’ailleurs, puisque le peuple a parlé,
alors il faut s’incliner… (Mais le peuple a-t-il parlé ?). J’étais donc à
la fois dans l’action et en dehors d’elle. Expectatif mais contemplatif.
Du coup, ce blog s’est endormi. À quoi avait-il servi d’ailleurs ?
Quelques commentaires bien rares, pas tous favorables d’ailleurs (et c’est bien
normal). Quelques articles « likés », quelques pouces bleus sur Facebook,
les pouces bleus de ceux qui sont déjà convaincus. À quoi bon ?...
Et puis, peu à peu, la coupe s‘est à nouveau remplie. J’étais
contemplatif, je l’ai dit. Je regardais donc cette coupe se remplir, comme on
regarde la pluie tomber dans une bassine laissée dehors, à la fois triste face
à cette grisaille ambiante, tellement déçu que la météo ne se soit pas trompée
alors qu’on le savait, la météo se trompe rarement. Mais qu’importe, ce n’était
pas mon problème. Qu’il pleuve pendant 5 ans après tout… Je me préparais à la
suite, j’agissais, je préparais l’avenir (la saison sèche !) mais en
attendant, il suffisait juste de rester chez soi (en soi) ou de se munir d’un
parapluie, d’attendre que ça passe. Même si on sait que ça ne passera pas.
Mais la coupe est pleine maintenant. Pourquoi, je l’ignore,
mais elle est pleine et je ne le supporte plus. Il y en a eu trop, de ces projets
faits pour casser ce que nos aînés ont construit, trop de mépris a été dispersé,
trop de mal a été répandu, trop de gens ont souffert. Et je ne suis pas de
ceux-là ; après tout, à titre personnel, la politique actuelle ne me va
pas si mal… Quoique…
Quelle est la goutte qui a fait déborder cette coupe ?
Je l’ignore, tant elle fut insignifiante par rapport aux autres. C’était juste
une goutte de plus, une goutte anonyme de la théorie du ruissellement, une
goutte ridicule, une goutte inoffensive. Elle fut pourtant la dernière. Elle ne
se mélangea jamais à l’eau dans la coupe.
Or des coupes, il y en a beaucoup. Et je me dis que
peut-être, toute cette eau qui se déverse à côté, on pourrait la canaliser, on
pourrait en faire un ruisseau. Et s’il y a beaucoup de ruisseaux, alors une rivière
coulera, un fleuve peut-être, une mer qui sait, un océan. Et moi, je serai
dessus, sur ma fragile embarcation, fragile chrysalide sur le point de se
transformer.
Une chrysalide insoumise.
Moi aussi, j'y avais cru...
RépondreSupprimerMoi aussi, je me suis dit : "Ils ont voté Macron, qu'ils se (s'en!!!) démerdent !
Et moi aussi, j'ai pris de la distance...
Je me suis ankylosé dans une fausse insouciance entretenue par l'égoïsme ambiant, l'égoïsme d'état...
Je n'en suis pas encore sorti... Parce que je ne me suis toujours pas remis de cette immense déception qui, au-delà de l'élection de Macron, a été ce rejet d'un mouvement pourtant humaniste et qui s'en revendiquait!
Je me suis enguirlandé, énervé, fâché avec tant de gens qui cherchaient les arguments les plus bas pour justifier leur rejet... Ils ont canalisé leur hargne sur le porte-parole du mouvement... L'ont accusé de populisme et pire encore... Et l'objectivité dans tout ça???
Et bien entendu, je ne pouvais que me rappeler que "Chacun voit midi à sa porte..."!
Mais tant sont aveuglés par leurs préjugés...
Et tant d'autres béats (peut-être moi y compris!) devant l'espoir et le refus de la fatalité...
Et pourquoi serait-ce Macron ou le fascisme ???
...
Alors ce petit ru qui commence à glouglouter et qui m'apporte un peu de fraîcheur, me fera peut-être sortir de ma morne torpeur...
Pour l'instant, je n'en suis qu'au stade de la molécule vaporisée...
Mais peut-être qu'un épisode de condensation me fera rejoindre ce filet d'eau...
Je l'appelle de mes voeux!
L'espoir s'il ne fait pas vivre est peut-être suffisant pour survivre... et avancer...
Levons le menton
SupprimerFace aux moutons
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